La Ligue africaine de football, le grand projet de Gianni Infantino, est-elle portée disparue ? En tout cas depuis son lancement en 2023 et avec la première finale jouée et remportée par le club sud-africain des Mamelodi Sundowns, plus rien. Lundi dernier lors de sa réunion de Comex (Comité Exécutif), sur les dates des compétitions, la CAF n’a même pas parlé de ce tournoi ni même annoncé de date quant à sa tenue.
Elle avait pourtant été lancée en grandes pompes par le duo Patrice Motsepe et Gianni Infantino, respectivement présidents de la CAF et de la FIFA. Annoncée en 2019, elle était censée regrouper tous les ans 24 clubs de 16 pays avec un système de promotion et de relégation, une première mondiale. D’ailleurs la première finale le 12 novembre 2023, la seule, avait même été présentée comme un « Super Bowl à l’africaine » ; c’était entre les sud-africains de Mamelodi Sundowns et les marocains du Wydad de Casablanca (1-2, 2-0). Le vainqueur avait empoché 3,7 millions d’euros et le vaincu 1,6 millions d’euros. Même les demi-finalistes avaient touché 1,6 million et les quarts de finalistes 930 000 euros.
Mais voilà, depuis lors, plus rien. Les clubs sensés prendre part à cette compétition qui réunit les « grands » d’Afrique ne savent pas pour le moment de quoi ça retourne. Manque de ressources financières, désintérêt des clubs, surcharge du calendrier ? Une foultitude de questions à se poser, mais dont les réponses ne sont pas encore connues. Au niveau de la FIFA initiateur de cette Ligue Africaine des Champions et la CAF, organisatrice de cette compétition, pas d’indication pour le moment pour la 2e édition.
C’est vrai qu’en cette fin d’année les qualifications à la CAN 2025, le début des phases de groupes de la ligue des champions et de la coupe de la Confédération occupent déjà le calendrier. Alors on croise les doigts en attendant 2025 pour peut-être la 2e édition de la Ligue Africaine de Football. « J’espère qu’il y aura une suite, car c’est une compétition intéressante financièrement qui met en valeur le potentiel du football africain. Mais il y a visiblement un problème autour de son organisation et on se demande si cette Ligue africaine va continuer à exister », s’interroge Frédéric Kitenge dans les colonnes du journal Le Monde Afrique.
L’absence d’informations de la CAF sur une compétition qu’elle avait pourtant vendue à longueur de conférences de presse laisse dubitatif les dirigeants des clubs. « Nous sommes dans l’attente d’un calendrier et de précisions sur le format, indique Hicham Aït Menna, le président du Wydad Casablanca. Pour le premier semestre de l’année 2025, cela semble très compromis, entre les matches des sélections nationales, la suite de la Ligue des champions et de la Coupe de la CAF et la Coupe du monde des clubs aux Etats-Unis. »
M. Aït Menna n’envisage pas une disparition de la Ligue africaine de football, mais il estime que l’édition 2025 pourrait ne concerner à nouveau que « huit équipes et se disputer dans un seul pays, sur une semaine ». La question du financement du tournoi est également au centre des enjeux. La CAF avait signé, en octobre 2023, un contrat de partenariat avec le ministère du tourisme saoudien, mais depuis, aucun autre sponsor n’a officiellement annoncé son arrivée.
« Cette Ligue africaine est arrivée alors qu’on ne l’attendait pas, elle a disparu cette année… On peut donc tout envisager : qu’elle disparaisse ou qu’elle redevienne prochainement d’actualité. La réponse appartient à la CAF », estime Benoît You, le directeur général de l’ASEC Mimosas, à Abidjan. Même au sein des Mamelodi Sundowns, le club dont le propriétaire n’est autre que Patrice Motsepe, le patron de la CAF, personne ne semble plus avancé sur l’avenir de cette Ligue Africaine des Champions.
Cheikh Fantamady Keita