Le championnat d’Afrique des nations de football (CHAN) est-t-il déjà en train de perdre de son allant ? Voilà une compétition créée par la Caf en 2009, et dont la première édition s’est déroulée en Côte d’Ivoire, qui trouve peu son public depuis sa création. Sinon comment expliquer la défection de pays membres au fil des éditions surtout à l’entame des éliminatoires, au point de se demander si cette compétition ne va pas vers sa fin.
L’Afrique est le seul continent à avoir créé une compétition entre sélections nationales ouverte exclusivement aux joueurs évoluant dans un club de leur pays. Le projet avait été validé en 2008 par la Confédération africaine de football (CAF) et la première édition du Championnat d’Afrique des nations (CHAN), remportée par la République démocratique du Congo, s’était déroulée en 2009 en Côte d’Ivoire. Depuis, le CHAN s’est tenu régulièrement, mais reste ostensiblement boudé par plusieurs fédérations.
Le CHAN peine à fédérer l’ensemble des nations africaines et l’édition 2025 pourrait bien être celle avec le moins de succès. Car sitôt les éliminatoires annoncées, des pays ont manifesté leur désir de ne pas y prendre part. On parle même d’une quinzaine de sélections qui devraient manquer à l’appel lors des qualifications au tournoi. En effet pour ces phases de qualifications, qui se disputeront de novembre à décembre, plusieurs pays n’ont pas envoyé leur sélection locale. Il s’agit de l’Algérie, l’Afrique du Sud, le Botswana, le Cap-Vert, les Comores, l’Égypte, le Gabon, la Gambie, l’Île Maurice, le Malawi, Sao Tomé, les Seychelles et la Tunisie. Des boycotts qui viennent s’ajouter aux forfaits d’autres équipes, en l’occurrence ceux de l’Érythrée et de la Somalie, pas en mesure d’aligner un effectif pour le championnat d’Afrique des nations. Au total, quinze des cinquante-quatre fédérations affiliées à la CAF ont fait le choix de ne pas y participer.
Pourtant la CAF pour motiver les pays à y participer avait monté les prix avec une augmentation de 60% pour la récompense au vainqueur qui est maintenant de deux (2) millions de dollars. Mais le problème se trouve ailleurs pour les pays membres, principalement sur les dates annoncées tardivement et qui ne collent pas avec les calendriers nationaux. Récemment le président de la fédération des Comores, Saïd Ali Saïd Athouman, qui est également membre de la commission d’organisation du CHAN, explique que l’instance africaine a pris trop de temps pour concrétiser l’édition 2025. « La CAF a annoncé tardivement (le 16 septembre) les dates de la phase finale et des éliminatoires, ce qui a dissuadé plusieurs fédérations. Les championnats nationaux avaient déjà commencé, et cela aurait engendré des bouleversements de calendrier et financièrement cela aurait un coût », dit-il.
En Tunisie par exemple, le calendrier du championnat était déjà fixé. Alors la FTF a décidé de ne pas y envoyer les Aigles de Carthage après une réunion fin novembre. « Les dates du CHAN ont été connues trop tard. Et cela aurait entrainé l’interruption du championnat pendant au moins un mois et donc décalé la fin de saison », a confié Lyes Ghariani, vice-président de l’Espérance sportive de Tunis, au Monde. À noter qu’il s’agit d’un classique pour la Tunisie, qui avait déclaré forfait lors des précédentes campagnes, en 2018 et en 2020. Lors de la dernière édition, début 2023, les Aigles de Carthage locaux avaient par conséquent été suspendus. Avec leur dernier renoncement, c’est la quatrième fois consécutive qu’ils manqueront à l’appel.
Pour la même raison, l’Algérie, pourtant organisatrice et finaliste de la dernière édition, mais aussi l’Afrique du Sud et l’Egypte, qui n’ont pris part au championnat d’Afrique des nations qu’une fois, ne se sont pas présentées aux qualifications. Cependant le CHAN a encore la côte auprès des équipes jugées plus modestes, car si certains grands le boudent, ce tournoi bénéficie encore malgré tout d’un certain crédit, notamment auprès des plus faibles. Car pour certains d’entre eux, il est important d’y participer puisque constituant une vraie opportunité de participer à une compétition internationale car la CAN ou la Coupe du monde sont des objectifs encore trop élevés pour eux.
Cheikh Fantamady Keita