Me SIDIKI KABA, PREMIER MINISTRE DU SÉNÉGAL DANS UN CONTEXTE CHARGÉ
Cet As du verbe qui… assure et rassure !
Par Ibrahima NDOYE
– Ministre Conseiller
Présidence de la République
– Vice-Président
Conseil Départemental de Thiès
Une fois n’est pas coutume mais pour plusieurs raisons, je me fais aujourd’hui le devoir moral et historique de coucher quelques lignes pour saluer la nomination de Monsieur Sidiki KABA à la fonction de Premier Ministre, appelé à coordonner les activités gouvernementales en ces moments cruciaux de la vie politique nationale où de nombreuses incertitudes planent sur le devenir et l’à-venir de la Nation.
Oui, pour la première fois depuis douze fructueuses années que j’exerce dans le cabinet présidentiel en Conseiller, je prends ma plume pour témoigner du peu que je sais de celui qui fait office du tout dernier chef du gouvernement de notre régime conduit avec brio et maestria par le Président de la République Macky Sall avec qui, personnellement je suis en compagnonnage, depuis trois décennies (amicalement, familialement, politiquement et administrativement).
Me Sidki Kaba, je l’ai connu en 1993, par l’entremise de son ami, mon frère et confrère Abdoulaye Bamba Diallo alors patron du journal satirique, “Le Cafard Libéré”, l’un des hebdomadaires de référence des années 90.
Grand Laye comme nous l’appelons familièrement m’avait saisi à l’époque, jeune journaliste inexpérimenté que j’étais, têtant encore le biberon du métier, pour faire un entraien avec le brillant avocat Me Kaba, une icône des palais de justice et tribunaux, une sommité du barreau qu’il intégra en 1980, et dont les hauts faits nous étaient admirablement racontés par de fins connaisseurs et les doyens de la presse.
Vous imaginez l’honneur immense qui m’était ainsi donné de devoir faire face à un tel personnage emblématique, la redoutable mission de m’entretenir avec lui sur les grands sujets d’actualité portant sur l’Afrique et la vie politique nationale alors très agitée. Comme aujourd’hui, par les temps qui courent…
C’est un homme supérieurement intelligent que j’avais devant le micro ! Une tête pleine et bien faite. Un féru, un puriste du droit. Un professionnel aguerri, passionné et droit dans les bottes quand il s’agit de donner un avis (dur mais honnête) sur les sujets qui fâchent.
Oui, j’avais un os savoureux à mâcher ! Quelqu’un de qui on peut obtenir des biscuits délicieux, comme dit-on dans le jargon.
Dans la chaleur enivrante de sa voix quelque peu rauque, sur un ton persuasif, une diction d’une rare netteté et le verbe facile, Me Kaba n’avait pas mâché les mots pour dire ses vérités avec la manière diplomatiquement bien stylée.
Dans une plaidoirie-entretien d’anthologie, le fervent défenseur des droits humains avait eu à décliner une vision futuriste de l’humanité que seuls les utopistes réalistes osent porter en bandoulière, sillonnant les continents, avec l’arme de la foi et de convictions fortes, pour espérer un nouvel ordre mondial plus juste.
De toute la carrière d’historien de l’instant (pour parodier Albert Camus), c’est l’une des interviews qui m’ont le plus marqué !
Ce n’est point étonnant donc quand, quelques années plus tard, son parcours professionnel aura été couronné par son élection à la tête de la Fédération Internationale pour les Droits humains en 2000 après un brillant passage à l’Organisation nationale pour la défense des Droits de l’homme qu’il a pilotée durant cinq années ici au Sénégal.
La promotion de la justice universelle, c’est son dada, c’est sa vie puisqu’il lui a consacré un ouvrage de très haute portée mondiale.
En 2012, alors qu’au nom de l’ancien Ministre français de la Justice Robert Badinter mort récemment, il s’exprimait devant un.parterre de hautes personnalités à la remise du prix de la Fondation Kéba Mbaye au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, Me Sidika Kaba avait littéralement ébloui l’assistance dont, ironie du sort, le Président de la République Macky Sall venu entre autres raisons, témoigner de son attachement au fils du célèbre président de la Cours suprême, du Conseil constitutionnel, Abdou Mbaye, le tout … Premier Ministre du régime à peine installé. Me Kaba étant le tout dernier PM, l’histoire est riche d’anecdotes !
Ce jour-là, j’ai rarement vu et entendu le président Macky Sall (sans doute impressionné) exprimer son admiration pour une personne publiquement alors qu’ils ne sont liés ni par une quelconque amitié ni par une camaraderie politique partisane. Il sait bien gérer et contenir ses émotions eu égard aux exigences de maitrise de soi liées à la solennité de la fonction. C’est dire que son discours n’avait laissé nul individu indifférent.
Je refuse de m’asseoir sur des certitudes mais je peux penser que cette allocution brillantissime eût été déterminante dans le choix du Président Macky Sall d’en faire un précieux collaborateur dans la gestion des affaires publiques.
Ministre de la Justice, Ministre des Affaires étrangères, Ministre des Forces armées, Ministre de l’intérieur et aujourd’hui Premier Ministre, la qualité régalienne de ces différents départements témoigne à suffisance de l’immense confiance dont jouit l’enfant-chéri du Sénégal oriental.
Les confidences glanées ça et là depuis sa nomination illustrent parfaitement le caractère sociable de ce grand serviteur de l’État, son attachement à ses proches et semblables, sa générosité et son élevé des responsabilités.
À 74 ans, il aura atteint présentement selon les codes et normes de notre vie sociétale, adossées à nos réalités et valeurs culturelles africaines, l’âge de la sagesse que favorise sa parfaite maturité politique et institutionnelle fort salvatrice. Le choix porté sur lui pour assurer la coordination des activités du gouvernement en cette période historique, propice à toutes les conjectures et à toutes les tentatives déstabilisantes, traduit encore la volonté du chef de l’État de léguer à son successeur un pays digne des yeux de Chimène, loin des prédictions funestes et apocalyptiques des ennemis de notre patrie, ce petit espace perdu du continent noir qui attise toutes les convoitises.
L’or, le fer, le pétrole et le gaz, ces ressources minières stratégiques découvertes sur notre sol ne sont pas étrangères à l’ingérence inacceptable constatée ces dernières années de certaines puissances impérialistes et multinationales prédatrices dans le jeu politique du Sénégal.
Juriste de renommée mondiale, philosophe et excellent littéraire à ses heures perdues, Me Sidiki Kaba n’est pas pas de ces fils du pays qui vont alimenter de sa belle plume et de ses œuvres les écrits des Cassandre présidant un avenir sombre, une histoire abracadabrantesque à notre Nation. L’essentiel est là !
Ibrahima NDOYE
– Ministre Conseiller
Présidence de la République
– Vice-Président
Conseil Départemental de Thiès